L'économie est-elle une science indépendante de l'étude de la société ?

Pour revenir au sommaire des SES, c'est ici...    et pour la version affichant une question par sous-partie, c'est par là...    (droits réservés)


Accroche   Depuis le développement massif du phénomène du chômage et de l'exclusion en France, la science économique et les économistes font souvent figure d'accusés dans la presse et dans les médias.

Définition de mot-clé
   - science :  ensemble de connaissances acquises dans un domaine grâce à la vérification d'hypothèses par des observations répétées.

Rappel : il faut toujours annoncer en fin d'introduction les titres des parties principales du développement, juste après avoir posé explicitement la question du sujet. Il est souhaitable de reformuler cette dernière plutôt que de la recopier telle quelle dans l'introduction, et il faut si possible y associer une problématique, c'est-à-dire la décomposer en deux, trois ou quatre questions.


1/ L'économie est une science distincte de la sociologie par son objet d'étude, et en principe par ses méthodes


 a) Les connaissances en économie comme en sociologie sont validées par la démarche scientifique

Les économistes et les sociologues ont en commun le caractère scientifique de leurs méthodes, et le fait qu'ils étudient les uns et les autres des aspects du fonctionnement de la société. Pour cette raison, l'économie et la sociologie font partie d'un ensemble qu'on désigne par l'expression de « sciences sociales ».

Leur démarche est scientifique car elle cherche à confirmer ou à réfuter des hypothèses en les confrontant à la réalité, grâce à l'usage des statistiques et des enquêtes par sondage notamment.

Ainsi peuvent apparaître (ou non) des relations régulières entre des parties de la réalité, découpées intellectuellement sous la forme de variables, comme le rythme de hausse de la production, ou la part des revenus prélevée sous forme d'impôts.


 b) Non seulement l'objet d'étude est différent, mais l'approche est en général plus individualiste en économie qu'en sociologie

L'économie et la sociologie ont chacune un domaine de connaissances et de recherche spécifique. Dans le cas de l'économie, c'est l'étude des choix nécessaires pour satisfaire au mieux les besoins à partir des ressources dites « rares » (non abondantes). Quant à la sociologie, elle étudie la façon dont les comportements des individus sont influencés par leur place dans la société. Les autres sciences sociales, comme le droit, la science politique, ou l'histoire?, ont chacune leur domaine également.

L'économie se distingue aussi de la sociologie par ses méthodes, qui font en général une place plus large à la réflexion à une petite échelle, au départ celle de l'individu ou de l'entreprise.

Le "père fondateur" de la sociologie qu'est Emile Durkheim avait au contraire une approche holiste du fonctionnement de la société, c'est à dire qu'il a cherché à expliquer les comportements des individus à partir des caractéristiques d'ensemble de leur environnement social. Il s'est ainsi attaché à montrer qu'une décision aussi personnelle que le suicide est en fait déterminée en partie par les caractéristiques de l'environnement social de l'individu.

La démarche économique privilégie souvent, en sens inverse, l'individualisme méthodologique, qui met l'accent sur les conséquences globales de l'ensemble des comportements individuels.


2/ Toutefois les intéractions sont nombreuses entre phénomènes économiques et sociaux, et même les méthodes des deux disciplines se sont influencées.


 a) Les méthodes de la sciences économique et de la sociologie se sont mutuellement influencées

L'économie a été influencée par les méthodes de la sociologie. C'est ainsi que l'école dite de "l'économie des conventions", notamment, a mis l'accent sur l'importance de la prise en compte de phénomènes sociaux comme les règles, les habitudes, l'imitation, dans les phénomènes économiques.

La sociologie a été influencée par les méthodes de l'économie. Le courant de l'individualisme méthodologique, représenté en France par Raymond Boudon, s'est largement développé en opposition au déterminisme holiste des pères fondateurs. Ce courant analyse les phénomènes sociaux principalement comme les résultats (appelés effets pervers) de l'agrégation des comportements individuels, qui découleraient quant à eux du calcul rationnel de chaque personne.


 b) Il existe des intéractions très importantes entre les phénomènes économiques et les phénomènes sociaux

Les phénomènes économiques ont des conséquences sociales. La spécialisation permise par la division du travail n'a pas seulement pour conséquence de rendre la production plus efficace et donc d'élever la quantité de besoins satisfaits, elle favorise aussi la cohésion sociale en obligeant les individus à coopérer. Pour cette raison, l'exclusion du marché du travail contribue d'ailleurs en sens inverse à exclure les individus concernés de la vie sociale en général.

Les phénomènes sociaux ont des conséquences économiques, Le développement économique rapide des pays du sud est asiatique (les "4 dragons" Hong-Kong, Taïwan, Corée du Sud, Singapour d'abord, puis la Chine et les "bébés tigres" Malaisie Thaïlande Indonésie etc ... ) a été favorisé par la culture (règles de comportement et manières de penser) des habitants de ces régions, qui valorise avant tout l'effort et le respect de l'autorité. L'instabilité politique (pays africains par exemple), les situations de guerre, les conflits sociaux graves, désorganisent au contraire l'économie.



Rappel : il faut toujours conclure le devoir en commençant par résumer la réponse, apportée par le développement, à la question du sujet. On peut s'inspirer pour cela des titres des parties principales annoncés en fin d'introduction, mais il faut donner de ces quelques phrases une version plus détaillée et si possible plus affirmative, compte tenu des précisions données plus haut dans le développement.

Elargissement du sujet vers d'autres questions   Les critiques contre une économie soi-disant déconnectée des réalités sociales détournent peut-être l'attention des choix politiques, qui reflètent des rapports de forces entre groupes d'individus au sein de la société.