Comment peut s'organiser la solidarité face aux risques ?

Pour revenir au sommaire des SES, c'est ici...    et pour la version affichant une question par sous-partie, c'est par là...    (droits réservés)


Accroche   C'est vrai jusque dans le monde animal, où les espèces vulnérables aux prédateurs se caractérisent plus souvent par un comportement grégaire... Un des rôles de la collectivité, c'est de protéger les individus face aux dangers. C'est aussi une réalité des sociétés humaines.

Définition de mot-clé
   - risques sociaux :  Risques de diminution des ressources d'un individu à cause de la maladie (risque couvert par l'assurance-maladie), de la vieillesse (risque couvert par l'assurance-vieillesse), du chômage (risque couvert par l'assurance-chômage), ou de l'augmentation du nombre d'enfants à sa charge (risque couvert par les allocations familiales)

Rappel : il faut toujours annoncer en fin d'introduction les titres des parties principales du développement, juste après avoir posé explicitement la question du sujet. Il est souhaitable de reformuler cette dernière plutôt que de la recopier telle quelle dans l'introduction, et il faut si possible y associer une problématique, c'est-à-dire la décomposer en deux, trois ou quatre questions.


1/ Non seulement l'entourage familial est directement concerné par certains risques dits "sociaux", mais la famille contribue à protéger chacun des risques en général


 a) Certains risques auxquels les individus sont exposés concernent aussi leur entourage et la collectivité dans son ensemble

Lorsqu'un père ou une mère de famille perd son emploi, cela ne le concerne pas seulement lui mais son conjoint et ses enfants. La baisse de revenu qui en résulte va en effet avoir des effets négatifs pour tous les membres de la famille. Il en va de même lorsqu'une personne ne peut plus travailler du fait de son âge ou de la maladie. Avant la création des systèmes de retraites et de l'assurance-maladie, ces personnes se retrouvaient le plus souvent à la charge de leurs proches.

C'est pour cette raison que certains risques sont qualifiés de "sociaux". Lorsqu'ils surviennent, ils touchent la personne non seulement de façon directe, mais également du point de vue de ses relations avec les autres. La naissance d'un enfant pouvait également être vue comme un risque social à l'époque où les méthodes de contraception étaient peu efficaces, et où une bouche supplémentaire à nourrir représentait une charge importante pour une famille pauvre.


 b) La solidarité familiale notamment est une forme de mutualisation des risques

S'il est vrai que les risques dits sociaux peuvent perturber les liens familiaux, il faut avoir aussi en tête que la famille joue de toute façon pour ses membres un rôle de mutualisation des risques. Le principe de la mutualisation, c'est en effet que tout le monde n'est pas touché en général par le même risque en même temps. Cela permet aux individus de ne pas s'effondrer en cas de coup dur, à charge pour eux d'apporter leur contribution lorsque des proches sont frappés par la malchance, alors que pour eux-mêmes tout va à peu près bien.

Ne dit-on pas qu'on se marie "pour le meilleur et pour le pire" ? Une des raisons d'être de la vie de famille, du point de vue de la sociologie et de l'anthropologie, est précisément d'assurer une fonction de protection par rapport à ses membres, tout particulièrement dans les sociétés pauvres où l'Etat n'apporte aucune aide, ou presque. Au point que le terme savant utilisé à propos du mariage est celui de "relation d'alliance" : une alliance qui concerne non seulement le couple mais aussi l'entourage des deux conjoints. Une des raisons pour lesquelles les naissances sont plus nombreuses là où les pensions de retraite n'existent pas, indépendamment de l'éducation aux moyens de contraception, c'est que les parents comptent plus ou moins consciemment sur leurs enfants pour adoucir la cruauté du vieillissement.


2/ La solidarité peut aussi être un métier, mais il faut distinguer le cas des mutuelles de celui des sociétés d'assurance qui visent le profit


 a) Les cotisations versées aux sociétés  d'assurance ou aux mutuelles permettent d'aider ceux pour qui le risque se réalise

Comme dans une famille, le principe des sociétés d'assurance ou des mutuelles est que les personnes frappées par un risque sont aidées par les autres. Ce qui permet le soutien des malchanceux par les assureurs, ce sont les sommes d'argent versées régulièrement par les assurés qui vont à peu près bien. On les appelle des cotisations d'assurance et elles servent immédiatement à aider ceux pour qui le risque se réalise. Elles ne sont pas mises de côté pour aider la même personne plus tard, ce qui correspondrait simplement à un comportement d'épargne.

En échange du versement régulier des cotisations d'assurance, chacun obtient le droit d'être aidé à son tour en cas de souci. Mais à la différence de la solidarité familiale, l'aide des assureurs concerne uniquement des risques précis, pour lesquels des montants de cotisations annuelles ou mensuelles sont calculés. On peut ainsi être assuré aussi bien contre le risque de se faire voler son scooter que face au risque de tomber malade et de ne pas pouvoir payer les soins nécessaires.


 b) Les sociétés d'assurance tirent un profit de leur activité de mutualisation de certains risques, à la différence des mutuelles qui appartiennent aux cotisants

Il faut toutefois distinguer le cas des sociétés d'assurance et des mutuelles d'assurance. Ces dernières font en effet partie de ce qu'on appelle l'économie sociale et solidaire. Il s'agit en effet d'organismes qui, à la différence des sociétés, n'ont pas d'autres propriétaires que leurs clients ou leurs salariés. Elles ne cherchent donc pas particulièrement à réaliser des profits pour verser ensuite à des propriétaires épargnants cet excédent de recettes par rapport aux coûts de production.

Cela permet de penser que les mutuelles sont moins chères ou apportent une meilleure couverture du risque pour le même prix, car elles cherchent seulement à satisfaire le client, à la différence des sociétés d'assurances qui servent aussi, et même d'abord, les intérêts de ceux qui ont placé leur épargne en devenant propriétaire d'une part de l'entreprise. Il ne faut cependant pas avoir de préjugé en la matière : chaque contrat doit être jugé sur pièce, car les sociétés d'assurances sont gérées d'une façon qui peut aussi leur donner des avantages.



Rappel : il faut toujours conclure le devoir en commençant par résumer la réponse, apportée par le développement, à la question du sujet. On peut s'inspirer pour cela des titres des parties principales annoncés en fin d'introduction, mais il faut donner de ces quelques phrases une version plus détaillée et si possible plus affirmative, compte tenu des précisions données plus haut dans le développement.

Elargissement du sujet vers d'autres questions   Qu'elle soit familiale, d'inspiration patriotique, ou organisée économiquement par les assureurs, la solidarité a en tout cas toujours un coût pour la collectivité. Les mécanismes par lesquelles la société évite que les personnes protégées prennent davantage de risques ont ainsi fait l'objet d'études par les économistes. Le concept d'aléa moral se trouve au centre de cette question, qui ne peut pas être traitée ici.