Peut-il être souhaitable de faire évoluer les comportements face à un risque, malgré leur diversité ?

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Accroche   Aujourd'hui l'interdiction de fumer dans les bâtiments scolaires, y compris pour les adultes, est une évidence que plus personne ne discute. Pourtant lors de la mise en place de la mesure, au milieu des années 2000, cela n'allait pas du tout de soi.

Définition de mot-clé
   - prévention :  ensemble d'actions destinées à limiter un risque, en agissant notamment sur le comportement des individus. Pour la prévention du cancer du poumon, des publicités peuvent ainsi être diffusées afin d'expliquer les méfaits du tabac. La répression des excès de vitesse participe à la prévention des accidents de la route.

Rappel : il faut toujours annoncer en fin d'introduction les titres des parties principales du développement, juste après avoir posé explicitement la question du sujet. Il est souhaitable de reformuler cette dernière plutôt que de la recopier telle quelle dans l'introduction, et il faut si possible y associer une problématique, c'est-à-dire la décomposer en deux, trois ou quatre questions.


1/ Autant le goût que la possibilité de prendre des risques dépendent de facteurs économiques et sociaux


 a) Tous les individus n'ont pas la même aversion au risque, en particulier selon leur niveau de revenu et de patrimoine

Lorsqu'un risque se réalise pour un individu, son entourage et la collectivité en général peuvent en subir des conséquences et lui en vouloir. Car tout le monde ne perçoit pas les risques de la même façon, et certaines personnes peuvent même les rechercher plus ou moins, sans être pour autant suicidaires. C'est ainsi que la pratique de sports extrêmes ou l'exploration de zones inhospitalières de la planète peuvent s'expliquer par le goût plus prononcé de certains pour l'aventure.

Cependant le goût ou au contraire l'aversion plus ou moins prononcés pour le risque dépendent aussi de facteurs économiques. Ainsi un chef d'entreprise au revenu et au patrimoine élevés ne craindra pas de mettre sa famille en difficulté s'il fait un prêt de 10000 euros à un collègue entrepreneur, dont le projet est intéressant mais peut complètement échouer, sans possibilité de rembourser. Un salarié payé au SMIC ne prêtera pas de la même façon 5000 euros si c'est toute l'épargne dont il dispose en cas de coup dur... même avec la perspective d'en tirer bien davantage en cas de réussite du projet.


 b) Les conduites à risque varient selon le sexe et l'âge notamment

D'autres facteurs individuels ont un lien avec le goût ou l'aversion pour le risque. Bien qu'il s'agisse de variables moins strictement économiques, elles ne sont pas toutes sans lien avec le revenu, en particulier lorsque l'on connaît les inégalités selon le sexe et le niveau de diplôme dans ce domaine. En tout cas une personne semble avoir d'autant plus le goût du risque qu'il s'agit d'un jeune adulte, de sexe masculin, et avec un niveau de diplôme assez élevé.

C'est ce que montrent en particulier des études faites en France par le CEVIPOF. Selon les critères utilisés par les statisticiens de cet institut, les Français âgés de 18 à 35 ans sont seulement 60% environ à exprimer une forte aversion au risque. La proportion monte à 75% chez les 50-65 ans. On retrouve à peu près la même opposition entre les hommes et les femmes, respectivement 60% et 75%. Et c'est également le cas pour les diplômés de l'enseignement supérieur par rapport aux sans diplôme : le taux de forte aversion au risque est de 60 % environ chez les premiers, à comparer avec 75% pour les seconds.


2/ La prévention des risques, accusée parfois d'être liberticide, peut se justifier par le coût collectif de l'assurance et par un niveau d'information inégal


 a) La prévention des risques peut faire craindre pour les libertés individuelles en même temps qu'elle diminue les coûts d'assurance

Il y a une injustice à faire payer par tous l'aide fournie aux citoyens les plus enclins à s'exposer aux dangers, lorsque le risque se réalise pour eux. En effet pourquoi ceux qui coûtent moins chers à la collectivité, car ils sont plus prudents, devraient cotiser plus car d'autres individus sont plus téméraires ? En effet, le principe de l'assurance est de faire payer par tous des cotisations calculées pour aider ceux dont le risque se réalise. Et bien sûr cela arrive plus souvent aux imprudents.

Il faut avoir conscience cependant que beaucoup de comportements de la vie humaine comportent une part de risque, et que la plupart d'entre eux ont des conséquences pour l'entourage, ou même pour l'ensemble de la collectivité. Doit-on par exemple forcer les personnes en surpoids à faire un régime car sinon elles coûteront un jour plus cher en médicaments contre le diabète, l'hypertension ou les maladies cardio-vasculaires ? Faut-il instituer des séances de sport quotidiennes ou hebdomadaires obligatoires ? Cela risquerait d'empiéter beaucoup sur la liberté des individus d'utiliser leur temps et leur corps comme ils le souhaitent.


 b) La perception du risque peut varier selon le niveau d'instruction et d'information

Outre qu'elle diminue le coût d'assurance pour la collectivité, la prévention des risques peut également se justifier par l'inégalité d'information des individus au sujet des dangers encourus. De ce point de vue la prévention peut apparaître comme un enjeu de justice sociale. L'inégale information au sujet des risques est en tout cas une des justifications du durcissement de la législation anti-tabac depuis un quart de siècle. Les jeunes français en particulier n'ont pas la même conscience de la réalité des dangers, par rapport aux chirurgiens qui les soignent une fois qu'ils sont malades ou accidentés.

La diffusion de l'information est pour cette raison un aspect important de la prévention des risques. Les campagnes publicitaires et les activités proposées au sein de l'Education nationale, notamment, y contribuent. Paradoxalement d'ailleurs, une des interprétations possibles de la moindre aversion au risque des diplômés, est sans doute qu'ils ont le sentiment de mieux évaluer les risques pris.



Rappel : il faut toujours conclure le devoir en commençant par résumer la réponse, apportée par le développement, à la question du sujet. On peut s'inspirer pour cela des titres des parties principales annoncés en fin d'introduction, mais il faut donner de ces quelques phrases une version plus détaillée et si possible plus affirmative, compte tenu des précisions données plus haut dans le développement.

Elargissement du sujet vers d'autres questions   Entre défense des libertés d'une part, et protection des individus contre la prise de risques idiots et coûteux pour la collectivité, d'autre part, l'équilibre à trouver ne peut reposer que sur la loi débattue démocratiquement. Il reste que la société française peut sembler, de ce point de vue, beaucoup plus maternante que les sociétés anglosaxonnes ou celles des pays moins riches.