De quelles manières les entreprises résolvent-elles le problème de leur gouvernance ?

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Accroche   Dès que le chiffre d'affaires et le nombre de salariés progressent un peu, il est difficile pour une unique personne de contrôler tous les aspects de la vie d'une entreprise, et de prendre seule toutes les décisions. C'est d'autant plus vrai lorsque le principal dirigeant de l'entreprise n'est pas en même temps le principal propriétaire, ou même quand il n'est pas propriétaire du tout, comme c'est le cas assez souvent des PDG de grandes sociétés anonymes. Se pose alors la question de la gouvernance, et des différentes façon d'y répondre. Cela concerne notamment le degré de hiérarchisation et de centralisation de la prise de décision. Et cela a des conséquences bien sûr sur l'efficacité du fonctionnement de l'entreprise.

Définition de mot-clé
   - gouvernance :  manière dont la prise de décision est organisée dans une entreprise, en particulier la répartition des rôles entre les décideurs, la hiérarchie éventuelle entre eux, et leurs relations avec les propriétaires, y compris la façon dont ils sont nommés

Rappel : il faut toujours annoncer en fin d'introduction les titres des parties principales du développement, juste après avoir posé explicitement la question du sujet. Il est souhaitable de reformuler cette dernière plutôt que de la recopier telle quelle dans l'introduction, et il faut si possible y associer une problématique, c'est-à-dire la décomposer en deux, trois ou quatre questions.


1/ La prévisibilité des échanges dans une organisation hiérarchisée limite a priori les coûts, même si chaque acteur conserve un pouvoir de négociation


 a) Quels sont les avantages de l'autorité centralisée sur la négociation permanente de tous les échanges ?

Dans une organisation hiérarchique, un individu au sommet a le dernier mot sur les décisions à prendre. Celles-ci sont préparées par plusieurs individus au niveau inférieur, qui lui transmettent les informations utiles après les avoir triées, et qui bénéficient chacun du travail d'autre individus situés encore en-dessous dans la hiérarchie. Les échanges réguliers entre eux ont des effets souvent très prévisibles, ce qui permet gagner du temps, même si cela entraîne de fortes contraintes.

A l'opposé de la hiérarchisation qu'on trouve à l'intérieur de chaque entreprise, les échanges sur le marché sont négociés en permanence. Le comportement qu'un individu peut attendre d'un autre y dépend d'un accord à trouver sur des contreparties. La plupart des échanges de services qui ont lieu dans l'entreprise pourraient avoir lieu sur le marché, entre des individus indépendants. Mais ces offreurs et ces demandeurs y perdraient en temps passé à se mettre d'accord, à chaque étape.

La recherche des informations nécessaires pour de telles discussions reviendrait cher, et le manque d'information serait encore plus coûteux car il conduirait à un risque d'erreur important, au sujet du prix acceptable pour réaliser chaque étape d'échange. Ces coûts que la hiérarchie permet d'éviter sont appelés des coûts de transaction dans la théorie de Ronald Coase. Ils expliquent l'existence d'organisations hiérarchisées comme les entreprises et les administrations.


 b) D'où vient que les acteurs d'un système hiérarchique conservent malgré tout un pouvoir de négociation ?

Si discuter de tout fait perdre en efficacité, il ne faut pas croire que la négociation est complètement absente des relations humaines dans une organisation hiérarchique. Il est en effet impossible à une seule personne, au sommet de la hiérarchie, d'avoir à l'esprit la somme de tous les éléments d'information que chacun de ses subordonnés peut avoir à son niveau, et encore moins d'en disposer au même moment qu'eux.

Chaque membre d'une hiérarchie a donc inévitablement une marge d'autonomie, car il doit faire un choix parmi les informations avant de les transmettre aux échelons supérieurs, et il peut aussi être préférable de lui laisser prendre certaines décisions immédiates d'importance limitée. Tout ne peut donc pas être connu et contrôlé en permanence dans le rôle qu'il joue, ce qui limite la possibilité de le remplacer sans subir un coût important. Cela lui donne un pouvoir de négociation.

En outre, le fait qu'au sein d'une organisation hiérarchique, les individus ne s'échangent pas directement entre eux les services qu'ils rendent, n'est pas un facteur d'isolement pour chacun d'eux. Au contraire, en tant qu'offreur ou demandeur sur un marché on peut être bien plus isolé que parmi les nombreux salariés qui peuvent se trouver à un niveau hiérarchique donné dans une entreprise. Des alliances d'intérêts peuvent s'établir entre eux, pour lancer une grève par exemple.


2/ La taille des entreprises peut devenir un handicap, bien qu'il existe des solutions pour gérer aux mieux les ressources humaines


 a) Pourquoi la taille des organisations n'est pas toujours un avantage dans un environnement incertain et évolutif ?

La force des organisations hiérarchisées peut devenir une faiblesse dans un environnement incertain et évolutif, surtout lorsqu'elles coordonnent le travail entre un très grand nombre d'individus. En effet, plus la taille de ce type d'organisation est importante, plus long est le temps nécessaire pour que les informations remontent jusqu'aux centres de décision situés au sommet, ou à des échelons intermédiaires. Les choix peuvent ainsi se faire en fonction de renseignements déjà dépassés.

Les petites structures sont au contraire plus réactives, sans être forcément moins capables d'accomplir des tâches complexes, lorsqu'elles peuvent compléter leurs moyens internes de production grâce à des ressources extérieures obtenues sur le marché. Dans un environnement rapidement changeant, les coûts de recherche d'information ne sont dans ce cas pas forcément plus élevés que le coût lié au risque de décisions inadaptées au sein d'une organisation hiérarchique.

Indépendamment de la taille des organisations hiérarchiques, et des problèmes que cela peut poser en matière de remontée d'information, il faut rappeler que l'intérêt de ce genre de structures découle du caractère prévisible des échanges entre leurs membres... Or les habitudes de comportement, qui rendent possible la régularité en question, peuvent facilement devenir des inconvénients lorsqu'il s'agit au contraire de s'adapter à des évolutions de l'environnement.


 b) Quelles formes de gouvernance favorisent plutôt la coopération que les conflits entre les parties prenantes (propriétaires, managers et salariés) ?

La qualité de l'organisation du travail peut contribuer à l'efficacité d'organisations hiérarchisées, y compris lorsqu'il s'agit d'entreprises de grande taille confrontées à un environnement incertain et évolutif. Plus le nombre de personnes impliquées est élevé, plus il faut être attentif aux incitations que chaque individu et chaque sous-groupe peut régulièrement avoir à travailler dans l'intérêt de l'ensemble.

Une partie de ces incitations peut être monétaire, sous formes de primes individuelles ou collectives par exemple, attribuées en fonction des résultats obtenus par rapport à des objectifs fixés à l'avance. Mais les récompenses ou sanctions d'ordre moral, en particulier la reconnaissance de la qualité du travail effectué, sont également importantes. L'écoute et la parole d'un responsable hiérarchique de rang supérieur, en public ou en entretien privé, sont souvent des facteurs essentiels de motivation.

L'importance des incitations monétaires et non monétaires vaut pour toutes les parties prenantes (stake-holders, par opposition aux share-holders que sont les seuls actionnaires) : non seulement les salariés de base, mais aussi les cadres dirigeants, les clients, les fournisseurs. C'est pourquoi aujourd'hui la rémunération des cadres dirigeants se fait en partie sous forme d'options d'achat sur des actions: les propriétaires s'assurent ainsi que les décisions des managers vont davantage dans le sens de leurs intérêts.



Rappel : il faut toujours conclure le devoir en commençant par résumer la réponse, apportée par le développement, à la question du sujet. On peut s'inspirer pour cela des titres des parties principales annoncés en fin d'introduction, mais il faut donner de ces quelques phrases une version plus détaillée et si possible plus affirmative, compte tenu des précisions données plus haut dans le développement.

Elargissement du sujet vers d'autres questions   Indépendamment de la façon plus ou moins efficace dont la gouvernance est organisée, il se pose aussi la question des intérêts qu'elle sert prioritairement. L'Etat a un rôle à jouer de ce point de vue, afin d'éviter que ceux des salariés et des consommateurs soient trop subordonnés à ceux propriétaires.